Les nouvelles technologies, source d'espoir pour les personnes atteintes de douleurs fantômes
Jusqu’à 85 % des personnes amputées souffrent de douleurs fantômes au niveau du membre amputé. Cette sensation de douleur peut être si intense qu’elle peut empêcher les patients de porter leur orthèse et réduire considérablement leur mobilité et leur qualité de vie.
Le traitement varie d’un patient à l’autre et va de la thérapie miroir aux opiacés. Récemment, une nouvelle technologie prometteuse, qui joue sur la neuroplasticité du cerveau, a débarqué sur le marché.
Le rôle du cerveau dans le cadre des douleurs fantômes
« Les patients amputés souffrent souvent de douleurs fantômes », affirme Thomas Raemaekers, prothésiste chez Vigo Ottobock Care. « Il est possible que les nerfs, qui ont été coupés lors de l’amputation, ‘pensent’ encore envoyer des stimuli au membre amputé. Certains scientifiques estiment également que la douleur au niveau de ce membre est enregistrée dans notre mémoire, et que c’est pour cette raison que l’on arrive à s’en souvenir après l’amputation. La dernière théorie en date suggère un problème de réorganisation dans le cerveau, qui oblige celui-ci à redistribuer les fonctions des différentes zones. On a donc l’impression de sentir quelque chose, car la zone qui pilote le membre amputé est encore stimulée. »
« La plupart du temps, la douleur est la plus intense directement après l’amputation et diminue au fil du temps. Les traitements en cours peuvent également réduire la douleur, voire la faire disparaître totalement. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Certaines personnes continuent à souffrir de douleurs fantômes. Voilà pourquoi Vigo continue de chercher de nouvelles solutions ou technologies qui peuvent nous aider. »
Reprogrammer les connexions nerveuses
« Nous avons été récemment en contact avec Saphenus, une entreprise autrichienne qui a commercialisé plusieurs aides orthopédiques et thérapies (remboursées) en Autriche, en Allemagne, en Italie et en Suisse. Elle a mis au point Suralis, le système innovant qui apaise les douleurs fantômes », explique Jelle van Durm, Portfolio Manager prothèses et orthèses chez Vigo Ottobock Care. « Cette technologie se base sur la neuroplasticité, la capacité du cerveau à former de nouvelles liaisons entre les neurones. »
« Concrètement, la technologie Suralis reprogramme les liaisons nerveuses à l’aide d’une chaussette à capteurs spéciale à enfiler sur le pied prothétique. Cette chaussette est équipée de 5 capteurs qui enregistrent le contact avec le sol et le mouvement de déroulé de la prothèse et les envoient à un émetteur. Cet émetteur envoie ces données sans fil et en temps réel à un récepteur intégré à l’emboîture de prothèse. Le récepteur convertit à son tour ces signaux en différentes vibrations que le patient ressent dans son moignon. Pour lier ces vibrations à la marche, le cerveau apprend à associer les vibrations avec les mouvements dans le membre amputé, ce qui réduit, voire élimine les douleurs fantômes. »
Un effet au bout de 30 jours
« Pour ressentir l’effet de la technologie Suralis, le patient doit utiliser le système pendant 30 jours, au moins une heure par jour. Cette période est nécessaire pour que le cerveau établisse de nouvelles liaisons nerveuses. Le système réduit alors considérablement les douleurs fantômes. »
« Bien que les 30 premiers jours soient essentiels pour la nouvelle cartographie des nerfs, une utilisation continue est requise pour maintenir les bienfaits sur le long terme. La recartographie est un processus continu lors duquel le cerveau doit continuer à associer les vibrations avec le mouvement de la prothèse. »
Des résultats prometteurs
« Nous avons testé la technologie Suralis sur plusieurs patients Vigo et les premiers résultats nous donnent bon espoir. Dans 75 % des cas, elle réduit nettement ou élimine même les douleurs fantômes », affirme Jelle. « Les résultats sont également prometteurs en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Nous sommes heureux de pouvoir aider Saphenus à commercialiser cette aide orthopédique sur le marché belge. »
Défis et perspectives
« Autre point important : la technologie Suralis peut temporairement intensifier la douleur les premiers jours et peut ne pas fonctionner sur toutes les formes de douleurs fantômes. Elle n’élimine pas des douleurs causées par des complications physiologiques telles que les neuromes (ganglions nerveux) », explique Thomas Raemaekers. « Cela souligne l’importance de dépister minutieusement les patients avant de tester la technologie. Le remboursement de la technologie Suralis reste un problème, car il n’y a pas encore d’intervention de la part de la mutuelle ou de l’assurance. »
« Malgré ces obstacles, nous sommes persuadés que cette technologie peut révolutionner le traitement des douleurs fantômes chroniques », continue Thomas. « Outre le soulagement de la douleur, nous remarquons d’autres avantages. Les patients dépendent moins de la médication pour lutter contre la douleur et ont réellement l’impression de marcher, ce qui améliore leur démarche et leur procure un plus grand sentiment de sécurité. »
En savoir plus?
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