En cas de septicémie, chaque heure compte
On estime que la septicémie, plus communément appelée « infection du sang », est responsable d’environ 7 600 décès en Belgique chaque année. Elle touche également des dizaines de milliers de patients par an, parfois avec de lourdes conséquences comme l’amputation.
Ilse Malfait fait partie de ces patients qui ont survécu à la septicémie. La maladie lui a toutefois coûté ses deux membres inférieurs et ses doigts. Elle a raconté son histoire dans son livre « Elk uur telt » (« Chaque heure compte »). Dries Glorieux, Responsable de l’unité des prothèses et de la rééducation chez VIGO, précise qu’Ilse est loin d’être la seule patiente à avoir fait l’objet d’amputations des suites d’une septicémie. « Jusqu’à 5 % des patients amputés que VIGO accompagne ont été victimes d’une septicémie. »
L’amputation comme dernier recours
« La septicémie peut entraîner la nécrose des tissus. Suite à un afflux sanguin insuffisant, les extrémités telles que les doigts, les orteils ou même des membres entiers finissent par mourir », explique Dries Glorieux. « Dans ce cas, l’amputation immédiate est inévitable pour empêcher l’infection de se propager jusqu’aux membres en bonne santé. »
Formes de moignon complexes et manchons sur mesure
« Les patients victimes d’une septicémie présentent souvent une forme de moignon complexe, ce qui représente une difficulté supplémentaire dans leur parcours de rééducation et d’apprentissage de la marche avec une prothèse », affirme Dries. « En effet, l’amputation est très sévère et nécessite souvent des greffes de peau pour recouvrir complètement l’os au niveau du moignon. Plus la forme du moignon est insolite, plus la fabrication d’une prothèse adéquate est compliquée. »
Pour empêcher la propagation de l’infection aux parties saines du corps, une amputation immédiate est souvent inévitable dans ces cas
« Pour fabriquer une prothèse adaptée aux patients victimes d’une septicémie ou présentant un moignon de forme inhabituelle ou une exarticulation du genou, VIGO utilise très souvent des manchons sur mesure. Le manchon est une sorte de housse qui s’enfile sur le moignon pour protéger la peau. Chez les patients victimes de septicémie, nous commençons par scanner le moignon pour fabriquer un manchon au rembourrage parfaitement complémentaire. En effet, l’utilisation d’un manchon classique sur un moignon de forme complexe entraînerait la formation de bulles d’air. Par conséquent, le moignon ne serait pas suffisamment soutenu lors de la marche avec une prothèse. Par ailleurs, un manchon mal adapté cause souvent des problèmes cutanés, notamment à cause de la friction. Les techniques de production des manchons se sont nettement améliorées ces dernières années. En fonction des besoins du patient, il est désormais possible de choisir la rigidité et la matière du manchon (p. ex. silicone, polyuréthane ou copolymère). Nous sommes également en mesure de reproduire un manchon à l’identique bien plus facilement une fois qu’il arrive en fin de vie et qu’il doit être remplacé. »
Prothèses esthétiques
Outre les manchons sur mesure, les patients victimes de septicémie utilisent aussi régulièrement des prothèses esthétiques, comme les prothèses de pied, de main ou de doigt en silicone. Ces prothèses « remplacent » la partie amputée du doigt, de la main ou du pied et leur réalisme leur donne avant tout une fonction esthétique. Elles sont également fonctionnelles, car elles améliorent la préhension (dans le cas de la main) et peuvent faire office de contrepoids ou de soutien lorsqu’un patient saisit ou tient des objets. Une prothèse de pied permet également une marche et un déroulé du pied plus naturels, puisqu’elle offre un plus grand soutien.
VIGO est fier d’être l’un des premiers, si pas le premier, à avoir utilisé des prothèses de silicone, il y a de cela plusieurs années. Au fil des années, nos patients se sont montrés très satisfaits de leur prothèse en silicone. Nous souhaitons poursuivre sur cette lancée et continuer à innover. Nous améliorons sans cesse nos techniques de production de manière à proposer des solutions plus personnelles et plus adaptées aux souhaits des patients.
Pour un plan national pour la septicémie
« Après une longue rééducation à l’hôpital, j’ai appris à marcher avec des prothèses. Aujourd’hui, je peux même courir avec des lames », raconte Ilse. « L’année passée, j’ai couru pour Blades on Track, une initiative organisée par l’hôpital universitaire de Gand autour de la Watersportbaan. Elle a permis d’établir que la course renforçait la santé physique et mentale, mais aussi que les lames devaient faire l’objet d’un remboursement a minima partiel. »
« Je suis énormément reconnaissante de pouvoir refaire autant de choses, mais je n’aurais jamais dû en arriver là. On s’est rendu compte trop tard que mes symptômes indiquaient une septicémie. C’est pour cette raison que j’ai écrit mon livre. Selon les estimations les plus prudentes, si les symptômes étaient reconnus plus rapidement et si le traitement était initié plus tôt, nous pourrions sauver au moins 300 vies par an et nous pourrions limiter les conséquences pour les patients comme moi. La Suisse, la Suède et le Royaume-Uni ont d’ores et déjà mis en place un plan national pour la septicémie. D’autres pays européens ont établi des recommandations pour l’identification précoce de la septicémie. Pour notre pays, ce n’est pas encore le cas. Les choses doivent changer rapidement. J’y consacre toute mon énergie. »
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