ISPO World Congress 2025 : trois tendances pour l'avenir de l'orthopédie
Du 16 au 19 juin s'est une nouvelle fois tenue la grand-messe bisannuelle des professionnels de l'orthopédie technique et des technologies de rééducation : l'ISPO World Congress. La 20e édition a réuni à Stockholm plus de 3 200 experts de plus de 100 pays autour du thème central « Science in Practice, Practice in Science : Collaboration and innovation towards sustainable rehabilitation. » (La science dans la pratique, la pratique dans la science : collaboration et innovation pour une réhabilitation durable).
Des centaines de conférences, de présentations, d'ateliers et d'innovations inspirantes se sont déroulés sur le site de l'exposition internationale et se sont concentrés sur l'enrichissement mutuel de la science et de la pratique, avec un accent particulier sur les modèles de soins durables et orientés vers l'avenir.
Jelle Van Durm, Clinical Manager Prosthetics & NeuroRehab, et Magalie Vanhouteghem, Clinical Manager Orthotics, y étaient présents. Ils nous font part ici des tendances qui ont marqué le congrès et qui contribuent à façonner l'avenir de l'orthopédie.
1. Des options de traitement personnalisées sont indispensables
« Pendant longtemps, les soins orthopédiques ont été purement fondés sur des données probantes : ce qui fonctionnait pour un grand nombre de personnes était souvent considéré comme la norme », explique Jelle. « Mais aujourd'hui, cette approche ne suffit plus. La grande diversité de produits orthopédiques (pensez aux articulations, matériaux et ajustements spécifiques) exige des choix qui s'adaptent parfaitement à chaque patient. »
Les technologies avancées, telles que l'intelligence artificielle et les capteurs de toutes sortes, constituent un atout à cet égard. Ils peuvent aider les professionnels de la santé à passer au crible l'offre toujours croissante et à optimiser les paramètres individuels dans le cadre des traitements sur la base d'observations objectives.
Ainsi, « une » orthèse cheville-pied devient la « bonne » orthèse cheville-pied pour un patient spécifique grâce à, par exemple :
- des mesures de pression contrôlées par des capteurs pour déterminer l'ajustement parfait ;
- des algorithmes qui prédisent la rigidité correcte du matériau ;
- une gamme accessible d'orthèses d'essai simulant différentes fonctions.
L'IA enrichit les outils dont disposent les prestataires de services orthopédiques pour proposer des traitements personnalisés. Ceux-ci permettent d'obtenir de meilleurs résultats et un plus grand confort.
Une récente étude néerlandaise¹ confirme cette impression. Des patients atteints de maladies neuromusculaires ont été suivis pendant 24 semaines et ont reçu, soit des soins orthétiques spécialisés, soit des soins habituels. Les participants ont été recrutés dans 22 hôpitaux néerlandais, des centres de rééducation et via l'organisation de patients Spierziekten Nederland.
Par la suite, il s'est avéré que les soins spécialisés :
- ont aidé les patients à atteindre leurs objectifs personnels nettement mieux,
- ont permis d'améliorer la longueur de foulée, la vitesse de marche, les fonctions physiques et la satisfaction générale,
- et ce, probablement de manière plus rentable, tant du point de vue sociétal que du point de vue des soins de santé.
Ces résultats suggèrent que les soins orthétiques spécialisés peuvent non seulement améliorer les fonctions quotidiennes et la qualité de vie de patients souffrant de maladies musculaires, mais aussi avoir un impact socio-économique positif.
Un cas intéressant : Humotech
La société américaine Humotech s'implique fortement dans ce domaine. Grâce à leur Wearable Robotics & Innovation Platform (plateforme innovation et robotique portable) et à leurs dispositifs de pointe, ils peuvent simuler entièrement l'effet des orthèses et des prothèses avant qu'elles ne soient mises en production. Leurs algorithmes d'IA traitent d'énormes quantités de données et fournissent des recommandations personnalisées pour les articulations, les matériaux, les réglages, etc.
2. De la niche à l'objet grand public : la numérisation pour une meilleure intégration sociale
La prise de mesures numérique et l'impression 3D ne sont plus des nouveautés dans le domaine de l'orthopédie. « Ce qui est frappant aujourd'hui, c'est que la technologie est devenue plus accessible. Les logiciels sont plus conviviaux, les scanners et les imprimantes sont polyvalents et les matériaux sont plus légers, plus souples et plus durables », explique Magalie.
Cela ouvre la porte à un plus grand nombre d'applications, souvent à moindre coût.
L'accent est désormais mis sur l'implication sociale. Les appareils sont produits plus rapidement et de manière plus personnalisée, en tenant compte de la manière dont ils aident les patients à s'intégrer non seulement physiquement, mais aussi socialement.
Des applications concrètes : Koalaa et Anatomic Studios
Anatomic Studios, en Suède, fabrique des coques personnalisées uniques pour les prothèses de tout style. Décontractée, habillée ou sportive – avec vos propres initiales ? Tout est possible. L'entreprise souhaite ainsi aider les utilisateurs à s'exprimer et à être eux-mêmes, tout comme avec des vêtements ou des accessoires.
L'entreprise londonienne Koalaa va encore plus loin. Elle propose des orthèses fonctionnelles pour l'avant-bras et des accessoires pour aider les utilisateurs dans des activités quotidiennes spécifiques. Comme : faire du vélo, tenir un mixeur en toute sécurité, manier un club de golf ou, pour les enfants, jouer librement.
3. La réalité virtuelle, pour une meilleure observance thérapeutique et une véritable formation en situation réelle
La réalité virtuelle (Virtual reality, VR) a fait son chemin dans la rééducation depuis un certain temps. Jusqu'à récemment, elle était principalement utilisée pour rendre les programmes d'exercices intensifs plus agréables et pour motiver les patients.
Par exemple, vous pouvez utiliser des lunettes VR pour vous promener dans une forêt virtuelle ou jouer à des jeux qui encouragent le mouvement. Les exercices répétés sont ainsi devenus moins monotones, mais il n'y avait pas de lien direct entre le mouvement réel avec le dispositif et l'image en VR.
Aujourd'hui, la VR va plus loin : la technologie est affinée et utilisée pour enseigner des compétences complexes dans le cadre du processus de rééducation.
« La VR devient donc un outil puissant pour aider les patients à utiliser de nouveaux dispositifs plus rapidement et mieux – et la gamification rend cela plus amusant et plus efficace en même temps », déclare Jelle.
Un exemple impressionnant : Myo-Hand XP, de Virtetic
Pour apprendre à utiliser une prothèse de main électronique ou « main bionique », les patients doivent entraîner les muscles de leur moignon. Il s'agit d'un processus intensif et difficile, qui décourage de nombreux utilisateurs.
L'entreprise australienne Virtetic propose ici une solution innovante. Première entreprise à associer activement les appareils orthopédiques à la réalité virtuelle, elle a mis au point le système Myo-Hand XP.
Grâce à des capteurs myoélectriques, les utilisateurs apprennent à contrôler leurs muscles et voient en VR comment la main virtuelle s'ouvre et se ferme. Grâce à ce retour d'information visuel instantané, les patients comprennent plus rapidement le lien entre l'action du muscle et la fonction prothétique, et restent plus motivés pour faire de l'exercice. La gamification rend la pratique plus amusante et plus efficace. Elle est truffée de défis, d'activités et de petits jeux qui aident les patients à progresser plus rapidement et à prendre confiance en eux.
En avant toute !
Ce que l'ISPO nous a surtout montré : les grandes tendances en matière d'IA et de robotique trouvent désormais réellement leur place dans l'orthopédie technique. Une évolution particulièrement positive, car elle nous donne la possibilité d'aborder les soins de manière plus personnelle et plus efficace.
« Ces progrès sont indispensables », souligne Jelle. « Le nombre de patients souffrant d'affections neurologiques ou vasculaires continue d'augmenter, tandis que la pression sur le système de santé s'accroît. Si l'efficacité des soins orthopédiques n'augmente pas en même temps, la qualité risque de diminuer. Il en résulte des coûts de santé plus élevés et de moins bons résultats. »
« La solution réside dans des soins personnalisés, adaptés à chaque patient. C'est la seule façon de relever le double défi : traiter davantage de personnes sans compromettre la qualité, tout en assurant la pérennité des soins. Chez Vigo, nous nous engageons à le faire chaque jour. »
Cet article a été publié dans le numéro 7 du magazine Insights, orthopedic news by Vigo Ottobock Care.

Lisez la suite :
- Comment les professionnels de santé choisissent les aides à la mobilité : 3 enseignements clés de l’enquête Vigo
- L'orthèse STIL : une nouvelle méthode de traitement du tremblement essentiel
- Plus vrai que nature ou high-tech ? Pourquoi la conception d'une prothèse va au-delà de l'esthétique
- L'impression 3D améliore le confort des orthèses de genou post-opératoires
Partager